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Nouvelle affaire de fausses monnaies à Mâcon …

par gilles Marchand

Cette affaire de fausse monnaie a été découverte par hasard suite à la maladresse de son auteur qui avait perdu sa sacoche contenant 9 pièces de monnaies de 1 franc et une pièce de 5 francs sur la voie ferrée à l’arrêt de la commune de Flacé lès Mâcon (aujourd’hui un quartier de la ville de Mâcon).

Elle débute le 30 décembre 1905, date à laquelle deux employés du chemin de fer trouvent la sacoche et la remettent à la gardienne de la station de Flacé. Personne ne venant réclamer l’objet perdu, la gardienne transmet quelques jours après la sacoche et son contenu au chef de gare de Fleurville qui la conserva parmi les objets trouvés en attendant que son propriétaire se manifeste. Un recensement des objets perdus, effectué le 27 mars 1906 par un inspecteur de la compagnie des chemins de fer, mis en évidence que toutes les pièces contenues dans la sacoche étaient fausses. Ce dernier en informa donc aussitôt le parquet.

L’enquête s’orienta rapidement vers un couple qui s’était installé depuis quelques mois seulement dans une maison isolée sur la commune de Flacé lès Mâcon et qui avaient pris le train dans cette gare la veille au soir de la découverte de la sacoche. La perquisition de leur maison fut réalisée le 26 avril 1906 et dura toute la journée. Elle permit de découvrir tous les matériels permettant la fabrication de fausse monnaie, notamment un nombre important de godets en plâtre utilisés pour couler les monnaies et un lingot de métal en alliage d’étain et d’antimoine.

La suite est digne de la police scientifique : “L’expert de la monnaie, à qui les divers objets saisis furent transmis, déclare formellement dans ses conclusions que les matériaux trouvés au domicile des époux Croc, et spécialement les fragments d’alliage d’étain et d’antimoine, les débris de plâtre, l’acide azotique, le cyanure de potassium, le petit fourneau à souder, le charbon de pile peuvent avoir été utilisés à faire de la fausse monnaie. Le chimiste Combaud, après examen des vêtements de l’accusé Croc, a constaté sur l’un d’eux des taches d’acide et de nitrate d’argent.” (passage extrait du Courrier de Saône et Loire du 2 août 1906)

Durant le procès devant les assises de Saône et Loire, les dénégations des accusés, bien “qu’issus d’honorables familles” (sic), ne firent pas le poids face aux faits avérés :

  • Achat répété de grandes quantités de plâtre de Paris (plâtre aux propriétés très particulières utilisé pour la fabrication de moules), d’étain et d’antimoine ;
  • Apparition de monnaies contrefaites, au millésime de 1905 et à l’effigie de la semeuse de Roty, dans la région mâconnaise depuis l’emménagement des accusés dans la maison qu’ils occupaient à Flacé lès Mâcon ;
  • Passé trouble du principal accusé : Moyens d’existence obscurs, difficultés financières répétées rencontrées dans ses diverses entreprises qui avaient toutes échouées, tentative d’escroquerie envers un bijoutier, et comportement chaotique au cours de ses cinq années de service militaire durant lequel il totalisa 475 jours de consigne ou de prison.

L’épilogue de l’affaire eut lieu le 1er aout 1906. Le principal accusé, Hippolyte Croc, fut condamné à 5 années de réclusion. Son épouse bénéficia des doutes du jury sur sa responsabilité et fut acquittée.

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