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La Jeanne d’Arc d’Alexandre Morlon : une médaille banale (1/2) ?

par gilles Marchand

Dans le catalogue de l’exposition “Pierre Alexandre Morlon, un art au service de la République”, l’historienne de l’art Katia Schaal écrit que la médaille “Jeanne d’Arc” d’Alexandre Morlon est un “modèle bien banal”. Qu’en est-il réellement lorsque l’on connait l’œuvre de ce médailleur mâconnais ?

Mobilisé dès 1914 et présent dans la zone des armées jusqu’en 1917, Alexandre Morlon se consacre principalement, au lendemain de la Première Guerre mondiale, à la commémoration de la fin du conflit. Comme de nombreux sculpteurs, il s’engage dès sa démobilisation en 1919 à la construction de monuments aux morts. Cette tâche l’occupera jusqu’en avril 1925, date à laquelle son monument en mémoire des soldats de Nantua (Ain) morts aux combats est inauguré.

Parallèlement il réalise en 1921 quelques médailles liées à la guerre : la “Victoire 1918” et sa variante “Victory” éditées par Téterger et la médaille commémorative de la Grande Guerre qui sera frappée à plusieurs millions d’exemplaires.
L’année 1921 est aussi celle d’une commande privée de la part de la banque danoise Landmandsbank pour la célébration de son 50ème anniversaire et de l’édition de la médaille Mariage par la Monnaie de Paris. Ces deux médailles ne sont cependant que des reprises ou adaptations de créations d’avant-guerre.

C’est aussi en 1921 qu’Alexandre Morlon conçoit sa “Jeanne d’Arc” à l’occasion de la canonisation de cette héroïne française l’année précédente.
Depuis la Grande Guerre le style artistique avait considérablement évolué. Le réalisme et l’Art Nouveau et ses fioritures avaient laissé la place à un style plus dépouillé annonçant l’Art Déco. Pourtant sa “Jeanne d’Arc”, éditée par la Monnaie de Paris, reprend les codes d’avant-guerre et le style médiévaliste qui était encore utilisé pour toutes les représentations de Jeanne d’Arc à cette époque (gravures, sculptures et médailles). Ainsi, sa “Jeanne d’Arc” est revêtue d’une côte de maille et d’une armure portant l’inscription “Jhesus Maria”.


Cette médaille est donc apparemment conçue de manière très classique avec la présence de nombreux symboles : fleurs de lys au revers, arrière-plan de laurier à l’avers, main gauche de Jeanne gantée de fer tenant (telle une croix) une lourde épée sur son cœur et main droite nue arborant l’étendard royal aux fleurs de lys sur lequel est inscrit “Jehanne”.
Par ailleurs, le revers reprend la composition des médailles “Gallia” et “Aux armes” éditées par la monnaie de Paris en 1907, le fond étant adapté à Jeanne d’Arc avec des fleurs de lys.
De très nombreuses médailles dédiées à Jeanne d’Arc ont été réalisés à cette époque et pourtant celle d’Alexandre Morlon se démarque de toutes les autres …

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