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Du projet à la médaille … (ou Comment est réalisée une médaille)

La médaille pour l’église Ste Jeanne d’Arc de Mulhouse
Par Michel Charbonnier

Fabriquer une médaille : un long processus technique
Deux méthodes peuvent être utilisées :
La médaille fondue, qui est coulée à la dimension du modèle de l‘artiste, dans un moule en sable ou en céramique, puis patinée à chaud ou ornée d’émaux.
La médaille frappée, comme la monnaie, qui garantit l’extrême finesse du trait et du modelé. C’est cette seconde technique qui a été choisie pour la médaille de l’église Ste Jeanne d’Arc de Mulhouse.

Une fois les dessins du projet sélectionnés conjointement par la Société Gravarte, de Lisbonne, et le Conseil de Fabrique de l’église, l’artiste graveur Francisco Couto se met à l’œuvre.

Le travail se déroule en 4 étapes :
sculpture d’une maquette en plâtre (au format triple de la médaille définitive) ;
moulage en un matériau dur de cette sculpture par galvanoplastie (explications des mots en italique ci-contre) ;
taille des 2 “coins”, ou “outils de frappe” en acier ;
frappe proprement dite.

Pour l’outil de frappe de l’AVERS de la médaille, le fabricant utilise 2 techniques : l’éIectro-érosion pour représenter en relief le dessin de l’église (qui s‘imprimera donc en creux sur Ia médaille) ; et Ia technique dite de réduction mécanique pour le médaillon de Jeanne d‘Arc, où il confie le moulage galvanoplastique du médaillon à une machine, sorte de pantographe qui travaille dans les trois dimensions. Une fraise grave alors dans l’acier de l’outil de frappe toutes les formes relevées sur le moulage par l’intermédiaire d’un palpeur.

Pour l’outil de frappe du REVERS, composé d’un texte et d’un motif en creux (qui apparaitront donc en relief sur la médaille) le graveur utilise cette même technique de la réduction mécanique avec le pantographe.

Ces deux aciers gravés constituent les outillages de frappe. Durcis par trempage, ces derniers pourront enfin estamper profondément des flans en bronze, rondelles découpées par sciage dans une barre cylindrique de cet alliage.

Ces deux coins, AVERS et REVERS, montés sur une presse, sont réchauffés, tandis que Ia rondelle de bronze est portée au rouge et recuite à 600°. À ce moment décisif, une seule frappe à 300 tonnes de pression suffit à imprimer simultanément l’une et l’autre face de la médaille en rendant fidèlement chaque détail du modèle.

La médaille sera ensuite “détourée” à la machine afin de lui donner sa dimension définitive. Puis elle sera décapée, sablée, patinée, et enfin vernie pour éviter son oxydation naturelle, après marquage sur la tranche du poinçon du fabricant (en l’occurrence GRAVARTE LISBOA Portugal), du numéro identificateur de la médaille et du nom de l’artiste graveur Francisco Couto.

Pour cette médaille de l’Église Ste Jeanne d’Arc de Mulhouse, Gravarte aura ainsi frappé une série de deux cents pièces numérotées. Chaque exemplaire est livré dans une boîte carton blanche portant le monogramme gaufré de Gravarte et contenant un chevalet de présentation en bronze.

Galvanoplastie :
On appelle galvanoplastie l’ensemble des techniques permettant d’obtenir par électrolyse un dépôt de métal sur un support. Dans la technique de la médaille, le dépôt galvanique doit être assez épais et pouvoir se détacher facilement du modèle en plâtre. Ce nouveau modèle, appelé galvanotype, est quelquefois en cuivre, mais le plus souvent, en nickel. Il donne l’empreinte la plus fidèle qu’on puisse obtenir, à partir du modèle en plâtre, peu résistant, en une matière dure susceptible d’être utilisée sur un tour la réduire ou un pantographe. C’est grâce à cette extrême fidélité que l’on préfère un galvanotype à une fonte.

Les différentes phases de la fabrication de cette médaille ont fait l’objet d’un publi-reportage filmé que vous pouvez visionner en cliquant sur le lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=AXaYCwYlqTs

Il est encore possible de commander cette médaille auprès de Michel Charbonnier, concepteur du projet (03 89 36 81 41), au prix de 33 euros l’unité.

Nota : Alexandre Morlon, sculpteur et médailleur mâconnais, réalisa au début des années 1930 les quatre anges qui entourent le clocher de cette église, anges visibles à l’avers de cette médaille.

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