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Des gros dits «florettes» ducaux inédits frappés au nom de Charles VI à Chalon-sur-Saône en 1419 – partie 5

par Oleg

 

En Somme, rendez à Chalon-sur-Saône…

Après avoir identifié les premières émissions de gros dits « florettes » de Chalon-sur-Saône portant une couronne au faîtage de feuilles d’ache alternées de trèfles, en voici une autre, que nombre de numismates attribuent encore trop souvent à l’atelier d’Amiens dans la Somme (80), voir à ceux de Montélimar ou Mirabel-aux-Baronnies, tous deux dans la Drôme (26). Contemporain des premières frappes chalonnaises BOURG24CL et, parfaitement identique au style « cuisero-laurentin » précédemment décrit, elle n’arbore cependant pas d’annelet sous la première lettre du deuxième mot de la légende d’avers, marque distinctive secrète et commune aux deux ateliers voisins de Chalon-sur-Saône, et Saint Laurent-lès-Chalon, mais seulement un petit point plein entre les jambages de la « R » de « kAR0LVS » à l’avers.

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Détail du point dans la « R » de « kAR0LVS »

Des florettes bourguignonnes frappées à Amiens ? :

Après avoir été libérée par le Duc Jean-sans-Peur, la Reine Isabeau de Bavière, se déclara Régente du Royaume de France, et décida d’installer en la ville d’Amiens, une Cour fidèle au Roi Charles VI, toujours assigné à résidence à Paris par son fils le Dauphin Régent Charles VII, qui avait en la capitale une Cour composée pour l’essentiel d’Armagnacs qui lui étaient entièrement dévoués. Aussi, pour entretenir et subvenir aux besoins de la Cour Royale d’Amiens, la Reine avait besoin de numéraire, et pour cela, voulu faire forger des gros dits « florettes »1. C’est donc tout naturellement que Jean-sans-Peur dû, pour en assurer la production, proposer à la Souveraine, les services de ses personnels des Monnaies de Cuisery et Saint Laurent-lès-Chalon, qui, pour ne pas chômer, forgeaient depuis peu à l’atelier de Chalon-sur-Saône.

Ces faits historiques expliquent que l’on ait longtemps attribué à l’atelier d’Amiens ces florettes arborant un point troisième à l’avers, mais leur graphie particulière, identique à celle des premières florettes BOUR24CL et BOURG25CL, frappées à Chalon-sur-Saône par les personnels des Monnaies de Cuisery et de Saint Laurent-lès-Chalon, soulève désormais quatre hypothèses possibles quant à leur production :

1 /- les gens des Monnaies de Cuisery et Saint Laurent-lès-Chalon se sont rendus à Amiens pour forger ces florettes.

2 /- les ateliers de Cuisery et Saint Laurent-lès-Chalon ont seulement fourni les coins à l’atelier d’Amiens.

3 /- ces florettes ont été frappées à Cuisery, et/ou, à Saint Laurent-lès-Chalon, et livrées à Amiens.

4 /- ces florettes sont d’une émission extraordinaire de Chalon-sur-Saône « cuisero-laurentine » encore non identifiée.

Les archives retrouvées à ce jour ne nous permettent pas de confirmer avec certitude une version au détriment des trois autres, malgré cela, des éléments semblent faire des troisième et quatrième les plus vraisemblables. En effet, si les ateliers de Cuisery et Saint Laurent-lès-Chalon était fermés entre avril et août 1419, leurs personnels ne chômaient pas à cette période puisqu’ils forgeaient à la Monnaie de Chalon-sur-Saône, récemment ré-ouverte par le Duc. Il parait donc impensable que les employés bourguignons aient quitté leur nouveau lieu de travail temporaire attitré. De même, auraient-ils eu le temps de frapper pour deux ateliers différents en même temps, en tenant les délais de délivrances et en respectant les volumes demandés ? Cela parait difficile, et pourtant la meilleure hypothèse reste celle-ci, bien que convoyer une telle production monétaire jusqu’à Amiens, sur un parcours si long et si peu sûr à l’époque, exclu de façon quasiment certaine une option aussi dangereuse. Nous devons donc garder à l’esprit que ces florettes n’ai jamais été livrées à Amiens, et que nous soyons tout simplement en présence d’exemplaires ayant été mis en circulation en chalonnais, alors qu’à Amiens le Duc jean-sans-Peur avait du octroyer une « ligne de crédit » à la Reine, que les trésoriers ducaux devaient alimenter en local, avec les liquidités dont ils disposaient sur place, et dont le montant était compensée par cette émission spéciale.

à suivre,…

 

Sources :

1 / – « La monnaie royale depuis la réforme de Charles V jusqu’à la restauration monétaire par Charles VII », 1ére partie, A. Dieudonné, Bibliothèque de l’école des chartes. 1911, tome 72. pp. 473-499.

2 / – « Le Monnayage des Ducs de Bourgogne », Françoise Dumas-Dubourg 1988, pages 224 à 227 et planche XII

3 / – «Deux gros dits «florettes» ducaux inédits au nom de Charles VI frappés en 1419 à Chalon-sur-Saône », parties 1 à 4, Oleg, numismatique-en-maconnais.fr

4 / – Collections privées : Dominique Lemaire, et Oleg.

5 / – Collection publique : Musées de Cherbourg/Octeville, monnaie n° 326 du médailler de la Bibliothèque Jacques Prévert.

6 / – Remerciements sincères pour leur précieuse et gracieuse collaboration à mesdames Louise Le Gall et Barbara Hirard des Musées et de la Bibliothèque Jacques Prévert de Cherbourg-Octeville, et à  messieurs : Dominique Lemaire (spécialiste des florettes), Gérard Siwarski (spécialiste du monnayage de Charles VI) et Jacques Fournier (spécialiste de l’atelier d’Amiens)

Pensez à visiter le forum de l’ACNRF : http://acnrf.forumperso.com/

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