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Histoire d’une monnaie

Ou, ce que raconte une monnaie…

Extrait d’un article de Dominique SPAY paru dans GAM Info 2009 n°1

Cette monnaie est un sol dit « à l’écu » (=12 deniers) représentant Louis XVI, de l’atelier de Strasbourg (BB dans la légende du revers).

Elle a été trouvée totalement par hasard dans la cavité que nous dénommons la « cavité des Curés » aux carrières de la Lye près de Mâcon. Nous savons que les prêtres réfractaires ont utilisé ces lieux au maximum jusqu’au milieu de l’année 1792.  Le curé de la paroisse de Saint Sorlin (ancien nom de La Roche Vineuse) était Jacques Greuze, frère du célèbre peintre de Tournus. Il refusa de signer pour le concordat, il était donc obligé soit de s’enfuir à l’étranger, soit risquer d’être envoyé en Guyane. Il préféra, en septembre 1792, partir pour la Suisse.

Revenons à cette monnaie. Elle est en cuivre, son poids observé est de 10,93 grammes pour un poids théorique de 12.235 grammes. Son  diamètre est de 29,5 millimètres, sa tranche est lisse (Drouler F. 1987).

Sol de Louis XVI - Avers (photo GAM)

Sur l’avers on lit la légende : LUDOV. XVI. – D.GRATIA.. traduction ; Louis XVI, par la grâce de Dieu. Description, tête de Louis XVI à gauche, ceinte d’un bandeau, avec une fleur de lys à la place de l’oreille, un cœur sous le cou [signe de Jean Louis Beyerlé]

Sol de Louis XVI - Revers (photo GAM)

Sol de Louis XVI - Revers (photo GAM)

Sur le revers la légende est : FRANCIÆ ET–BB–NAVARRÆ REX  1785. traduction ; Roi de France et de Navarre. Description, un écu de France couronné [blason avec 3 fleurs de Lys (très effacées)]

Donc nous pouvons en déduire que le maître d’atelier était Jean Louis Beyerlé (cœur sous la tête) [1736-1788] ; le maître graveur était Jean Guérin (molette après le millésime [1761-1788] ; le graveur était Benjamin Duvivier [1728-1819] et le graveur général Benjamin Duvivier [1774-1791].

La différence de poids entre le théorique et celui de cette monnaie s’explique par l’usure bien visible sur le revers. Ces monnaies ont été utilisées très longtemps car il y avait peu de « divisionnaires » jusqu’à la refonte générale sous Napoléon III en 1857. Ces pièces royales ont circulé non seulement dans la période Révolutionnaire – Empire, mais également dans la première moitié du XIXème siècle. Elles sont très rarement en bon état de conservation.

Pour la fleur de lys imprimée sur le visage du Roi, elle ne fait pas partie de la gravure d’origine. On en retrouve sur des monnaies d’argent de Louis XIV qui ont fait l’objet dune refrappe appelée « réformation » mais jamais sur des monnaies en cuivre. Il doit s’agir d’une contre marque volontaire. Il y a en quelques unes sur les pièces de la révolution ou de l’Empire ainsi modifiées par les royalistes dans l’ouest de la France pour marquer une référence politique à la France royaliste d’avant la révolution. Il serait surprenant de trouver cette symbolique sur une monnaie frappée avant la révolution. Donc l’hypothèse donnée par Jean PETIT, et que je soutiens aussi, est que, ceux qui ont refusé la Constitution civile du clergé adoptée par Louis XVI (roi constitutionnel) auraient pu marquer sur une pièce royale leur attachement à la royauté d’avant 1789. Nous avons donc là, une monnaie très intéressante et compatible avec la présence de réfractaires sur le site de La Lye.

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