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Les billets des Chambres de Commerce de Mâcon et de Bourg (1915-1926) – 8ème partie

Par Gilles Marchand

8- Les restrictions de circulation imposées par l’administration des Postes et des Télégraphes

Dans toute la France, les Chambres de Commerce avaient mis en circulation des coupures afin de palier au manque de monnaies divisionnaires. Au fil des années, ces coupures s’étaient disséminées et circulaient maintenant parfois loin de leur région d’origine. Le besoin en monnaie était si important qu’elles étaient acceptées quelque soit la Chambre de Commerce qui les avait émises.

Hotel des Postes de Mâcon vers 1921

Hotel des Postes de Mâcon vers 1921

Au cours du mois de février 1921, certains bureaux de poste de Saône et Loire commençaient à refuser les coupures émises. La Chambre de Commerce de Mâcon alerta la Direction des Postes et des télégraphes de Saône et Loire ainsi que le Sous Secrétariat d’Etat des Postes et le Ministère du Commerce de cette situation. Elle rappelait que la prorogation de la validité des coupures avait été décidée par le Ministre du Commerce et que le refus des coupures n’était pas justifié. Elle émettait aussi le vœu que toutes les coupures soient acceptées, sans distinction d’origine, par les bureaux de poste.

Le Directeur des postes et des télégraphes de Saône et Loire répondit le 31 mars 1921 en précisant qu’il a été informé le 22 mars 1921 par son administration “qu’en conformité des dispositions prises au moment de leur émission, les billets des Chambres de Commerce ne sont acceptés en paiement d’opérations postales, télégraphiques ou téléphoniques que dans le ressort de la Chambre de Commerce qui les a émis”. Il regrettait de ne pouvoir donner des instructions aux receveurs des Postes du département en vue de les accepter sans distinction d’origine mais ne voyait cependant pas d’inconvénient à ce que les coupures de Mâcon et de Chalon soient acceptées dans tous les bureaux du département.

1 franc Chambre de Commerce de Chalon, Autun et Louhans (Photo CGB)

1 franc Chambre de Commerce de Chalon, Autun et Louhans (Photo CGB)

Le 20 avril, le Sous secrétaire d’Etat des Postes et des Télégraphes écrivait au Préfet de Saône et Loire en indiquant que les dispositions prises à l’occasion de l’émission des coupures prévoyaient qu’elles ne pouvaient être acceptées par les comptables de l’Etat que dans le ressort de la Chambre de Commerce qui les a émises. Il précisait aussi que l’acceptation sans distinction d’origine créerait des risques pour les comptables et des grandes complications de service par l’obligation de trier ces bons et des les acheminer vers les différentes Chambres en vue de leur remboursement. Il ajoute que ces difficultés pourraient s’aggraver du fait du retrait prochain desdites coupures. Il prenait aussi les dispositions pour que les coupures des Chambres de Mâcon et de Chalon puissent être acceptées dans tous les bureaux du département.

La réponse du ministre du Commerce et de l’Industrie au Préfet de Saône et Loire début mai expliquait que les dispositions qui prévoyaient les restrictions de circulation (les bons ne pouvaient être reçus que par les caisses publiques du ressort de la Compagnie qui avait procédé à l’émission) avaient été prévues par une instruction du Ministère des Finances du 28 août 1914. Il convenait qu’on ne pouvait imposer aux comptables l’acceptation des billets circulant en dehors de leur circonscription d’origine afin d’éviter que des fausses coupures entrent dans leurs caisses. En effet, il n’était pas possible de connaître tous les modèles admis dans les autres circonscriptions et la vérification des coupures aurait retardé l’écoulement du public aux guichets. Il concluait en indiquant que cette solution préservait aussi les intérêts des Chambres de Commerce qui étaient entièrement responsables des émissions (et donc des fausses coupures) et ajoutait que la limitation de la circulation des coupures présentait l’avantage de faciliter le retrait des bons usagés.

La question de l’acceptation des coupures quelque soit leur origine secoua encore quelques temps la Saône et Loire (et probablement la France entière) puisque la Chambre de Commerce de Chalon protestait encore le 7 juin contre le refus par les bureaux de poste des coupures acceptées par tous le monde.

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