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QUAND CUISERY OUBLIAIT SA « n »

par Oleg

 

Introduction :

1422 est une année charnière dans l’Histoire de la Guerre de Cent Ans. L’avènement de Charles VII en tant que Roi de France, suite au décès de son père Charles VI, va convaincre Philippe-le-Bon, Duc de Bourgogne, de faire alliance avec le Duc de Bedford, tuteur du Roi d’Angleterre Henri VI, pour assouvir sa vengeance contre le Roi Charles VII, qui avait fait assassiné son père Jean-sans-Peur, alors Duc de Bourgogne en titre, le 10 septembre 1419.

C’est dans ce climat tendu, que vont être produits de nouveaux types monétaires bourguignons.

Ainsi, des monnaies blanches, appelées « blanc à l’écu de Bourgogne dans un trilobe », frappés au titre de 399°/oo sur le pied 30ème, pour un poids théorique de 3,263 g, voient le jour en juin 1422, dans les quatre ateliers ducaux, alors tous en service simultanément, puisque, Cuisery fermera dans le courant de l’année 1423, et que, Chaussin (dans le Jura actuel), qui doit remplacer Cuisery, est ouvert en 1422.

La création de ce type monétaire, qui n’a pas d’équivalent dans le monnayage royal français, marque la volonté affirmée du Duc de Bourgogne de montrer au Roi de France qu’il ne lui fera pas serment d’allégeance, et ne sera donc plus son vassal, en désolidarisant son système monétaire de celui du domaine royal, et montre également, le souhait du Duc, de revenir à une monnaie plus forte, car les dernières émissions de gros, (ou florettes), et des éphémères blancs (ou guénars) aux étoiles, avaient subit une multitude de dévaluations pour finalement être produits au titre de 199°/oo sur le pied 160ème pour les premiers et, 159°/oo sur le pied 80ème pour les seconds.

 

Visuel et descriptif du standard du blanc à l’écu de Bourgogne dans un trilobe :

 

st-laurent-lès-chalon_1422_philippe-le-bon_blanc_BVRGVnDIe_coll-Oleg

exemplaire type aux légendes d’avers et revers conformes frappé à Saint Laurent lès Chalon – coll. Oleg

 

– L’avers présente en son centre un écu de Bourgogne dans un trilobe avec autour une légende circulaire :    + PhS : DVX : eT : COmeS : BVRGVnDIe (Philippe Duc et Comte de Bourgogne), les h, e, m et n sont onciales, la X contournée, et la ponctuation est composée de trois besants superposés.

– Le revers affiche en son centre une croix « feuillue » ou fleuronnée avec autour une légende circulaire :      + SIT : nOme : DnI : BeneDICTVm (le nom du Seigneur est béni), les n, m et e sont onciales, et la ponctuation composée de trois besants superposés.

 

Cette émission de blancs, pourtant de très courte durée, nous laisse aujourd’hui, un nombre incroyable de légendes fautives, dont je ne ferai pas ici, l’inventaire exhaustif, mais je m’intéresserai plus particulièrement à l’une d’entre-elles dans laquelle la « n » a été oubliée à l’avers dans le mot BVRGVnDIe, et que l’on retrouve pour les productions de tous les ateliers, y compris, Cuisery dont la frappe fût quasiment confidentielle pour ce type, au regard de la capacité de production de cet atelier, et dont seuls, quatre exemplaires, nous sont, pour l’instant, parvenus.

 

Les quatre exemplaires retrouvés pour l’atelier de Cuisery :

 

cuisery_1422-1423_philippe-le-bon_OGN Numismatique (ref 5173) - vae Collection d’un Amateur Bourguignon 2011 lot 502

exemplaire frappé à Cuisery avec deux légendes fautives, OGN Numismatique (ref 5173) – vae Collection d’un Amateur Bourguignon 2011 lot 502

 

– légende d’avers fautive : + PhS : DVX : eT : COmeS : BVRGVDIe (au lieu de BVRGVnDIe)

– légende de revers fautive : + SIT : nOme : DnI : BeneDICTVn (au lieu de BeneDICTVm).

 

Un second exemplaire, de la Bibliothèque Nationale (réf. 1332ter), qui est illustré sur la Planche XVII de l’ouvrage de Françoise Dumas-Dubourg : « Le Monnayage des Ducs de Bourgogne » affiche une légende d’avers doublement fautive : + PhS : DVX : eT : COme : BVRGVDIe (au lieu de COmeS : BVRGVnDIe)

Son revers est conforme au standard.

 

Deux autres exemplaires localisés à Dijon et Chalon sur Saône sont référencés sans autres descriptifs que le diamètre et le poids.

 

Je ne peux reproduire ici le visuel de ces trois dernières monnaies, car je n’ai pas l’autorisation de l’auteur ni celle des propriétaires des exemplaires, faute d’avoir demandé.

Des questions persistent, au regard du faible nombre d’exemplaires retrouvés pour Cuisery, existent-ils pour cet atelier, des exemplaires conformes, avec des légendes non fautives ?

La multiplication de ces légendes fautives, tous ateliers confondus, est-elle le résultat d’un production réalisée dans l’ « urgence », comme le laisse penser la lecture de l’ouvrage de Françoise Dumas-Dubourg ?

Dernier point à souligner, Françoise Dumas-Dubourg considère dans son étude que la légende BVRGVDIe, que j’affirme être fautive, est, la norme. J’ai pris le parti inverse après avoir fait quelques recherches pour dénombrer les exemplaires de chacune des variétés, et le résultat montre que les monnaies avec la « n » dans BVRGVnDIe sont largement majoritaires (2/3 des exemplaires retrouvés), et donc doivent-être considérées comme LE type.

 

sources :

Collection Oleg

Le Monnayage des Ducs de Bourgogne par Françoise Dumas-Dubourg

http://www.ogn-numismatique.com/

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